Le “carioca” Jefferson Gonçalves a commencé sa carrière au début des années 90, en suivant un chemin semblable à de nombreux harmonicistes : le blues. Ensuite, il a changé sa profession d’employé de banque contre celle de musicien, il a fondé le groupe « Baseado em Blues » et le trio acoustique « Blues Etc », il a enregistré avec des artistes de différents genres et s’est affirmé comme un des harmonicistes les plus renommés du pays – y compris en représentant le Brésil dans des rencontres internationales, comme celle de la Société pour la Préservation et l’Avancée de l’Harmonica (SPAH, en 1998, à Détroit, USA).
Cependant, le blues n’a pas été un facteur restrictif pour Jefferson. L’artiste a identifié des morceaux très identiques parmi la musique noire nord-américaine et celle du Nord-Est brésilien, basée sur des rythmes de forró, comme le baião, le xaxado et le xote. Et cette perception lui a élargi les horizons.
Il s’est alors consacré à étudier les caractères les plus significatifs de l’art du Nord-Est. Il a découvert le maracatu et le samba rural et, tout naturellement, il a incorporé ces éléments dans son premier CD en solo, « Gréia » (2004). Le mixage fut bien accueilli par les critiques et le public. « Gréia » regroupe la créativité de Bob Dylan et de Luiz Gonzaga, le balancement de Jackson do Pandeiro et de Ray Charles. Au final, c’est de la musique – et d’une extrême qualité.
Parallèlement, Jefferson Gonçalves a perfectionné son travail d’art-éducation, qu’il avait déjà développé à Rio de Janeiro, centré sur le blues, depuis 1996. Il a sorti des DVDs avec les fondements de l’harmonica diatonique et est devenu une référence dans l’enseignement de l’instrument au Brésil.
L’expérience l’a amené à toucher des publics divers. En 2002 et 2003, il a fait une tournée en Argentine, en donnant des concerts dans quelques-unes des meilleures places de Buenos Aires, comme le Théâtre San Martin. En 2005, il est retourné au Etats-Unis pour encore une série de « shows », cette fois au côté du guitariste Big Gilson et du chanteur anglais The Wolf. Les musiciens se sont produits dans des lieux considérés comme essentiels pour le blues et le jazz, parmi lesquels le Blue Note (New York), Deep Ellum Blues (Texas) et Bamboo Room (Floride), entre autres.
En 2003, il a dirigé le premier cours d’harmonica à Nova Olinda, ville de Cariri de l’Etat du Ceará. Lors de cette initiative, réalisée en partenariat avec l’ONG Fundação Casa Grande – Memorial do Homem Kariri, Jefferson a utilisé les bases conceptuelles de son mixage musical. Il a, d’ailleurs, laissé, comme instrument d’étude, une vidéo-cours enregistrée, produite par les propres élèves de l’institution. Les résultats furent extrêmement positifs. De retour à Nova Olinda en 2005, il a pu constater les avancées de la troupe de jeunes de l’ONG, en considérant aussi les riches possibilités offertes par l’hamonica – un instrument versatile, applicable à différents rythmes, incontestablement pratique et, surtout, de bas prix. En outre, il a créé dans la ville un groupe de soutien, avec lequel il s’est produit dans des shows dans la Région de Cariri.
Depuis 2004, en partenariat avec le SESC – Ce, SEBRAE et la maison de production VIA DE COMUNICAÇÃO, Jefferson dirige des ateliers d’harmonica et la formation de groupes. Dans ce processus, le musicien a déjà parcouru les villes de Sobral, Juazeiro do Norte, Crato, Iguatu, Fortaleza, Guaiuba, Maranguape, Guaramiranga, Pacatuba et Caucáia, où il sélectionne des musiciens non professionnels et forme un groupe dans chaque ville. Lors des ateliers, en plus de transmettre quelques notions de musique, Jefferson monte le répertoire de chaque groupe, réalise les arrangements et se rend avec ces « nouveaux » musiciens à Guaramiranga, où les groupes se produisent pendant le festival de Jazz & Blues. Aujourd’hui, beaucoup de participants de ces ateliers sont en train de devenir des professionnels et vivre de leur musique dans leur ville.
En 2005, il est parti pour relever le défi du deuxième disque ‘Conexão Nordeste – Gréia ao Vivo’, enregistré le 19 juillet 2005, au Teatro II du Centre Culturel Banco do Brasil à Rio de Janeiro à l’occasion du projet – C’est le Tempo de Blues.
En 2005, Jefferson a participé à la première édition du Forum Harmonicas Brésil, à Fortaleza, l’unique évènement du Pays axé sur l’instrument, qui regroupe des représentations musicales et des actions d’art-éducation et d’insertion sociale, en dirigeant des cours pour des enfants et adolescents de la Fondation Raimundo Fagner.
Lors de ces voyages dans le Nord, Jefferson Gonçalves a découvert, en 2000, un musicien de rue réputé comme génial : Tavares da Gaita. A 78 ans déjà, Tavares se produisaient dans des foires de l’intérieur de l’Etat de Pernambuco de manière absolument intuitive, tirant des sons incroyables de son harmonica – une « sanfona de boca », comme Tavares lui-même la définit. Jefferson a enregistré sur un disque l’art de l’harmoniciste de Pernambuco. Il a produit et a fait la direction musicale du CD, qui n’aurait pas pu avoir un titre différent : « Sanfona de Boca ». Le travail, lancé en 2004, a obtenu les éloges de musiciens comme Jehovah da Gaita, Maurício Einhorn et Rildo Hora. Et a apporté à Tavares la reconnaissance méritée.
En 2006, Jefferson est retourné dans l’intérieur de l’Etat du Ceará pour encore une série de représentations, accompagné cette fois du guitariste et mandoliniste Kleber Dias. Ce furent 20 jours de shows et de cours, avec le groupe Meninos da Casa Grande.
De mars à avril 2007, le musicien a réalisé sa première tournée à travers l’Europe, son premier arrêt fut à Frankfurt – Allemagne et il s’est rendu ensuite en Espagne, où il s’est produit au côté du guitariste Big Gilson, dans les villes de Madrid et Toledo.
L’année 2008 commence par de nombreuses réalisations et nouveautés pour Jefferson Gonçalves : en février, le musicien se produit avec son groupe lors de la 9ème édition du festival de Jazz & Blues de Guaramiranga – CE, et, en mars, il a lancé son troisième CD en solo – Ar Puro (Blues Time Records). En juin, il s’est produit avec le guitariste Kléber Dias au Senegal Folk Festival, organisé à Dakar, au Théâtre de Verdure de l’Institut Français Léopold Sédar Senghor – l’invitation pour cette représentation est de l’initiative de l’Ambassade du Brésil au Sénégal et du groupe musical sénégalais Les Frères Guissé. Outre le fait de s’être produits avec le groupe, Jefferson et Kléber ont montré au peuple sénégalais un peu de mélange de blues et de rythmes du Nord-Est brésilien et des musiques de leur CD très réussi – Ar Puro.
Comme l’artiste lui-même le définit, le disque « est le fruit de voyages à travers le Nord-Est du Brésil, surtout dans les régions du Cariri de l’Etat du Ceará et de l’Etat de Pernambuco ». Depuis 2001, il a fait des recherches de rythmes du Nord-Est, en rencontrant des similitudes avec des genres nord-américains et en démontrant, ainsi, que la musique ne connaît pas de barrières.
Avec toute cette expérience acquise lors de centaines de shows, d’enregistrements et d’ateliers, Jefferson Gonçalves est devenu une référence en matière d’harmonica blues au Brésil.